Visites de zoos et comptes-rendus
Visites de zoos et compte-rendus
J'ai visité le zoo de Chengdu, à ne pas confondre avec la base de recherches de Chengdu sur l'élevage du panda géant (Chengdu Research Base of Giant Panda Breeding), à deux reprises les samedi 3 et lundi 12 novembre 2012 durant mon séjour à Chengdu à l'occasion des épreuves finales du concours Chengdu Pambassador 2012.
Le zoo de Chengdu occupe une superficie de 17,73 hectares et a été fondé en 1953. Le zoo initial, nommé le zoo de Chengdu Baihuatan, a été transféré en 1976 à proximité du temple de Zhaojue, lieu du zoo actuel, au nord-est du centre de Chengdu. Il héberge aujourd'hui plus de 300 espèces.
L'entrée du zoo de Chengdu ainsi que le bâtiment des pandas - 3 novembre 2012 - © Jérôme POUILLE
Statut à l'entrée du zoo, les pandas ne sont pas loin... - 12 novembre 2012 - © Jérôme POUILLE
Plan du zoo de Chengdu
Dans le passé, ce zoo a toujours hébergé des pandas géants. D'ailleurs, dès janvier 1953, le zoo de Chengdu Baihuatan exposait un panda capturé dans le comté de Dujiangyan. Mais ce panda n'avait vécu que 19 jours. De sa fondation jusqu'à aujourd'hui, des dizaines de pandas ont été exposés dans ce zoo.
Actuellement, en tout cas les jours de mes deux visites, le zoo de Chengdu héberge deux pandas : Su Su et Yuan Xiao (connu aussi sous le nom de Le Shui suite à son adoption).
Su Su est une femelle dont la date estimée de naissance dans le milieu naturel est 1983. Agée de 29 ans, elle a été capturée dans le comté de Mabian (Monts Liangshan, province du Sichuan) le 16 mai 1986 puis a été envoyée au zoo de Chengdu le 23 mai 1986. Prêtée successivement à la base de recherches de Chengdu sur l'élevage du panda géant en 1988 puis aux zoos de Sanghaï en avril 2004 et de Suzhou de 2008 à 2010, elle est dorénavant au zoo de Chengdu. Elle est aveugle d'un œil.
Su Su a été mère à 5 reprises : des jumeaux le 9 août 1991 à la base de Chengdu morts pour un le lendemain, pour l'autre le jour même ; le mâle Kebi le 26 juillet 1992 hébergé à la base de Chengdu, et les jumelles Shu Lan et Mei Mei nées à la base de Chengdu le 31 août 1994. Shu Lan vit actuellement à la base de Chengdu et Mei Mei était la célèbre mère panda du zoo Adventure World de Shirahama, au Japon, décédée le 15 octobre 2008. Su Su est au moins 22 fois grand-mère !!
Yuan Xiao est un mâle né le 6 août 2006 à la base de Chengdu. Connu aussi sous le nom de Le Shui (suite à son adoption), ce mâle a vécu au Guizhou Forest Wild Animal Park (Zhazuo Forest Zoo), dans la ville de Guiyang (comté de Xiuwen, province du Guizhou) durant une année du 18 mai 2009 jusqu'en 2010. Il a ensuite été transféré au zoo de Chengdu où il vit aujourd'hui.
Yuan Xiao dispose d'un enclos extérieur plutôt grand et diversifié, surtout si l'on compare aux enclos des autres espèces hébergées au zoo de Chengdu. Son enclos extérieur est arboré, comporte trois structures en bois et une structure métallique en forme de demi-cercle sur lesquelles il peut grimper. La structure métallique dispose d'un pneu suspendu qui est un objet d'enrichissement pour Yuan Xiao. L'enclos extérieur est également agrémenté de rochers, de deux bassins vides le jour de mes visites, ainsi que d'un petit point d'eau au pied d'un rocher. Enfin une dernière structure métallique doit avoir pour fonction de fournir une zone d'ombre. Les visiteurs peuvent observer Yuan Xiao au travers de vitres qui apparaissent teintes pour le panda et lui évite ainsi de (trop) voir le public. Yuan Xiao dispose également d'un enclos intérieur, petit, qui sert durant le nettoyage de son enclos extérieur et certainement la nuit.
Su Su dispose d'un enclos intérieur et ne semble jamais avoir accès à l'extérieur, sans doute à cause de son âge avancé et du fait qu'elle soit aveugle d'un œil. Il est peut-être trop risqué pour elle d'avoir accès à un enclos complexe dans lequel elle pourrait se blesser. Son enclos intérieur se situe dans un bâtiment relativement haut laissant amplement entrer la lumière naturelle. Par contre, cet espace intérieur est relativement petit et peu diversifié. Su Su ne dispose que de quelques faux rochers, de deux petits bacs d'eau, d'une petite plate-forme en bois et d'un pneu.
Schéma des installations des pandas géants - © Jérôme POUILLE
Quelques vues de l'enclos extérieur, celui de Yuan Xiao - 12 novembre 2012 - © Jérôme POUILLE
Vue de l'enclos de Su Su - 3 novembre 2012 - © Jérôme POUILLE
Contrairement à ma visite du 3 novembre, Su Su était très active le 12 novembre. Elle a parcouru son enclos, bu puis mangé durant les deux heures de ma visite. Elle semble en relativement bonne forme et semble manger sans trop de difficulté même si j'ai pu constater que ses dents étaient très usées.
Yuan Xiao était également actif, il a lui aussi parcouru à plusieurs reprises son enclos extérieur, a grimpé sur des structures bois et à un arbre et a mangé.
Les deux pandas peuvent se voir par deux grilles disposées sur la façade du bâtiment de Su Su qui donne vers l'enclos extérieur de Yuan Xiao.
Durant ma visite du 12 novembre, l'heure du repas était à 16h40. Yuan Xiao a été rentré dans sa cage intérieure le temps de la distribution de bambous frais dans son enclos extérieur et Su Su s'est vue offrir du bambou frais, trois pommes, une carotte, une bouillie et un gâteau certainement à base de céréales et de vitamines.
Su Su - 3 novembre 2012 - © Jérôme POUILLE
Su Su, le 12 novembre 2012 entre 15h15 et 17h30, heures chinoises.
Sur une des photos, on peut apercevoir Yuan Xiao observer Su Su par les grilles.
© Jérôme POUILLE
Yuan Xiao, un mâle bientôt mature, qui marque son territoire et qui dispose d'un enclos relativement diversifié.
C'est l'un des pandas captifs avec les plus grosses tâches noires autour des yeux !
12 novembre 2012 - © Jérôme POUILLE
Pour en savoir plus :
> Ma chronique durant la finale du concours Chengdu Pambassador 2012
Visites de zoos et compte-rendus
Accès rapide aux chapitres de la page :
Historique des pandas hébergés au zoo de San Diego
Prêts de longue durée et pandas présents aujourd'hui à San Diego
J'ai visité le zoo de San Diego (San Diego Zoo) le dimanche 27 mai 2012 et une amie habitant San Diego et fidèle du zoo et de ses pandas, Mollie, s'est joint à moi pour enrichir cette visite. Je la remercie chaleureusement pour sa gentillesse, son accueil sympathique et pour toutes les informations qu'elle a partagé avec moi. Mollie est membre tout comme moi du réseau international Pandas Unlimited et elle publie fréquemment les photos qu'elle prend au zoo de San Diego sur l'hébergeur Flickr.
Le zoo de San Diego est souvent réputé comme étant le plus beau zoo du monde. Installé depuis 1916 au cœur du parc de Balboa (Balboa Park) au sein même de la ville de San Diego (Californie), il abrite à ce jour sur 40 hectares quelques 4 000 animaux de plus de 800 espèces et sous-espèces différentes ainsi qu'une collection botanique de plus de 700 000 plantes exotiques.
Entrée du zoo de San Diego, au cœur du Balboa Park - 27 mai 2012 - Photo © Jérôme Pouille
Plan du zoo de San Diego - L'installation des pandas est cerclée en rouge
"Of course" nous étions garés dans l'allée A, symbolisée par le panda - 27 mai 2012 - Photo © Jérôme Pouille
Un salut amical de Yun Zi- 27 mai 2012 - Photo © Jérôme Pouille
Impossible de ne pas identifier Gao Gao, à la face si particulière et à son oreille gauche beaucoup plus petite - 27 mai 2012 - Photo © Jérôme Pouille
Historique des pandas hébergés au zoo de San Diego
Dans le passé, le zoo de San Diego a déjà vu s'arrêter des pandas à l'époque où les prêts de courte durée étaient monnaie courante dans les zoos occidentaux. Ainsi, la femelle Ba Si et le mâle Yuan Yuan (Yuen Yuen) ont séjourné un peu plus de six mois au zoo, du 23 juillet 1987 au 11 février 1988. Durant leurs 207 jours d'exposition, du 27 juillet 1987 au 8 février 1988, quelques 2,2 millions de visiteurs ont été les voir. Ces deux animaux étaient issus du milieu naturel où ils avaient été capturés quelques années auparavant. Ba Si est d'ailleurs toujours en vie au zoo de Fuzhou et son âge estimé est de 32 ans cette année.
Ba Si et Yuan Yuan sont arrivés à l'aéroport de Los Angeles par avion cargo, le vol 90 de la compagnie United Airlines après 17 heures de vol. Une cinquantaine de journalistes et photographes étaient présents aux côtés des officiels du zoo de San Diego pour assister à l'arrivée du vol. Mei Lin, Xiao Ling et le docteur vétérinaire Chen, respectivement soigneuse de Yuan Yuan, soigneur de Basi et directeur du zoo de Fuzhou, étaient à bord du vol et sont restés aux Etats-Unis durant le séjour de leurs protégés. Les deux pandas ont ensuite été escortés par la police autoroutière de Los Angeles jusqu'au zoo de San Diego. Quatre jours après leur arrivée, le lundi 27 juillet 1987, le zoo a organisé une cérémonie pour célébrer cet évènement et marquer l'ouverture au public, festivités chinoises auxquelles ont été conviés des danseurs et enfants chinois ainsi que 800 amis du zoo.
Fait particulier, la femelle Ba Si était dressée un peu comme un animal de cirque et beaucoup de photos la montrent en performance.
Article de journal publié pour l'arrivée de Basi et Yuan Yuan - The Bulletin - 24 juillet 1987
Les deux pandas à leur arrivée sur le sol américain - 23 juillet 1987 - © Livre The visit of two giant pandas at the San Diego Zoo
Ba Si, la femelle, au zoo de San Diego - © SDZ
Le mâle Yuan Yuan, au zoo de San Diego - © SDZ
Yuan Yuan et Ba Si, au zoo de San Diego - © SDZ
Prêts de longue durée et pandas présents aujourd'hui à San Diego
Depuis le séjour de Yuan Yuan et Ba Si à San Diego, le zoo et son centre de conservation et de recherches entretiennent des relations de proximité avec la Chine. Des études et des projets ont été engagés avec les autorités chinoises sur des espèces animales endémiques de Chine et des coopérations scientifiques sur le grand panda ont vu le jour.
Ces partenariats scientifiques se sont accompagnés de négociations pour obtenir le prêt d'un couple de pandas, mais cette fois-ci un prêt de longue durée.
Comme c'est systématiquement le cas, ces négociations ont impliqué les politiques car l'accord côté chinois doit intervenir au niveau du Président de la République. Durant les années 1995 et 1996, la Sénatrice californienne Dianne Feinstein a multiplié les contacts, écrits et en personne, avec le Président chinois de l'époque, Jiang Zemin, par ailleurs un ami personnel de la Sénatrice (en effet, Dianne Feinstein avait développé des relations chaleureuses avec Jiang Zemin dès 1979 alors qu'elle était maire de San Francisco et qu'elle s'était engagée dans une démarche de jumelage avec la ville de Shanghai dont le maire était Zemin qui allait devenir quelques années plus tard Président de la République Populaire de Chine). En janvier 1996, elle s'est même rendue à Beijing accompagnée des Sénateurs Sam Nunn et John Glenn dans le cadre de relations diplomatiques sino-américaines et elle a profité de l'occasion pour ré-évoquer officiellement le sujet avec Jiang Zemin.
Le 27 juin 1996, Li Daoyu, l'ambassadeur chinois de l'époque aux Etats-Unis, informait par téléphone la Sénatrice californienne Dianne Feinstein que le Président de la République Populaire de Chine, Jiang Zemin, avait approuvé le prêt de deux pandas au zoo de San Diego pour une durée de 12 ans. Le 29 juin 1996, la Sénatrice Feinstein a notifié à la société zoologique de San Diego la décision de Beijing. L'accord prévoyait le versement de la somme de 1 million de dollars par an, argent qui devait servir de financement du Plan de gestion national pour la conservation du panda géant et de son habitat (National Conservation Management Plan for the Giant Panda and its Habitat). Par ailleurs, l'accord prévoyait également la poursuite des coopérations dans le domaine scientifique à la fois pour l'étude des populations sauvages et des pandas captifs. Comme c'est le cas encore aujourd'hui, l'accord précisait enfin que les futurs bébés pandas seraient propriétés de la Chine et que chaque naissance nécessiterait une contribution financière complémentaire.
C'est ainsi qu'un couple de pandas, le mâle Shi Shi et la femelle Bai Yun, est arrivé au zoo de San Diego le 10 septembre 1996. Une équipe de six personnes dont Don Janssen, vétérinaire au zoo de San Diego, était à bord du vol 985 d'Air China. Parti de Shanghai, le vol s'est posé à San Francisco puis les pandas ont pris un autre vol cargo entre San Francisco et San Diego.
Shi Shi, âgé d'environ 14 ans à son arrivée, était un panda issu du milieu naturel. Il avait été trouvé en mars 1992 par un villageois près du village de Beishi (d'où il tient son nom, Shi Shi signifiant "pierre" ou "rocher"), dans le comté de Wenchuan (Monts Qionglai, province du Sichuan), avec des marques de blessures sur son dos, sa tête et ses pattes, probablement consécutives à un combat avec un autre mâle. C'est le bureau des forêts du comté de Wenchuan qui a secouru Shi Shi. Pesant environ 103 kilos, il a été ensuite envoyé au centre de Wolong pour y être soigné. Son année de naissance estimée était 1982.
Shi Shi, au zoo de San Diego - 13 janvier 2002 - Photo © Mollie
Shi Shi, zoo de San Diego - Seconde photo : 31 août 2002 - Photos © Mollie
(http://www.flickr.com/photos/ritapetita/sets/72157606065372883/with/2652055142/)
Bai Yun (dont le nom chinois signifie "nuage blanc") est née le 7 septembre 1991 au centre de Wolong et a été élevée par sa mère Dong Dong. La portée était jumelle mais sa sœur jumelle, Ludi, est morte cinq mois après sa naissance. Le père de Bai Yun est Pan Pan même si les chercheurs de Wolong n'ont jamais déterminé si la gestation de Dong Dong était consécutive à un accouplement naturel ou à une insémination artificielle. Les deux parents de Bai Yun étaient issus du milieu naturel.
Bai Yun - 31 décembre 2007 - Photo © Mollie
(http://www.flickr.com/photos/ritapetita/sets/72157602002364998/with/2152736033/)
Le 21 août 1999 est une date particulière pour le zoo de San Diego : elle a marqué la naissance de la femelle Hua Mei, dont le nom signifie "Chine-USA" ou encore "beauté splendide". En plus d'être le premier panda à naître au zoo de San Diego, Hua Mei fut le premier bébé panda à survivre sur le sol américain. Hua Mei est le résultat d'une insémination artificielle réussie de la femelle Bai Yun avec de la semence de Shi Shi (Bai Yun a été inséminée les 9, 10 et 11 avril 1999). Elevée par sa mère, Hua Mei a été séparée de Bai Yun vers ses 18 mois, le 22 février 2001. Comme le prévoyait le contrat, Hua Mei a quitté son zoo natal le 10 février 2004 pour rejoindre la terre de ses ancêtres (lire l'article & lire l'article). Après un mois de quarantaine à Bailonggou, à un kilomètre environ de l'ex-centre de Wolong, elle a rejoint le centre de Wolong le 13 mars 2004. Depuis, Hua Mei est une mère prolifique en Chine puisqu'elle a déjà donné naissance à 8 petits dont 7 sont encore en vie. Hua Mei vit depuis le 23 mai 2008 à la base de Yaan Bifengxia.
Hua Mei, âgée de 19 semaines - Photo © SDZ
Shi Shi, devenu trop âgé pour se reproduire, a quitté le zoo de San Diego le 9 janvier 2003 pour rejoindre le centre de Wolong. Peu après, le 26 septembre 2003, il a été envoyé au zoo de Guangzhou (province du Guangdong) où il s'est éteint le 5 juillet 2008.
Le retour de Shi Shi en Chine s'est accompagné de l'arrivée d'un nouveau mâle le 15 janvier 2003, Gao Gao, dans l'espoir qu'il soit compatible avec Bai Yun et ainsi renouveler pour le zoo le bonheur de voir se réitérer une naissance.
Gao Gao - 27 mai 2012 - Photo © Jérôme Pouille
Gao Gao ("gros gros" en chinois) est né dans le milieu naturel et son année de naissance estimée est 1992 plus ou moins 2 ans. Il a été trouvé dans le comté de Baoxing le 6 avril 1993 par deux résidents du village de Yongfu, Li Wenguang et Xu Xiaozhi, déshydraté et avec du sang sur la partie gauche de sa tête où près des deux tiers de son oreille avaient été arrachés. Il a alors été immédiatement transféré vers une base (Fengtongzhai Nature Reserve Rescue Center) de la réserve naturelle de Fengtongzhai toute proche pour y être soigné. Ce jeune panda pesait 17,5 kilos lorsqu'il a été capturé, et trois mois ont été nécessaires pour qu'il récupère. Il a ensuite été relâché en 1994 mais comme il s'était habitué à l'homme, il s'approchait trop près des villages si bien qu'il a été recapturé et replacé au centre de sauvetage de la réserve de Fengtongzhai, où il aura vécu en tout plus de 8 ans entre son premier et son second séjour, puis il a fini par être transféré au centre de Wolong le 25 décembre 2001.
Le transfert de Gao Gao de la Chine vers les Etats-Unis n'a pas été de tout repos. Parti de Wolong, le convoi a mis 4 heures de route pour rejoindre Chengdu d'où Gao Gao a pris un vol d'une durée de 2h30 jusqu'à Shanghai avant de relier cette ville à Los Angeles en 15 heures de vol à bord d'un avion cargo Boeing 747. Puis de l'aéroport de Los Angeles, il a rejoint San Diego par la route.
Dès le printemps suivant l'arrivée de Gao Gao, ce dernier s'accouple avec Bai Yun (le 23 mars), cette dernière ayant cette année là été en parallèle inséminée par du sperme de Shi Shi conservé par le zoo (les 23 et 24 mars) (lire l'article). C'est ainsi que le 19 août 2003 (lire l'article), Bai Yun donne naissance à un petit mâle (lire l'article), Mei Sheng ("né aux USA" - lire l'article), dont la paternité sera finalement confirmée plus tard comme étant celle de Gao Gao. Mei Sheng a été transféré à l'âge de quatre ans vers le centre de Wolong, le 5 novembre 2007 (lire l'article). Il vit depuis le 19 février 2008 à la base de Yaan Bifengxia.
Gao et Bai Yun s'accouplent le 23 mars 2003
Bai Yun, le jour de la naissance de Mei Sheng
Mei Sheng, le jour de ses deux ans (lire l'article)
Mei Sheng, le 1er octobre 2007, au zoo de San Diego - Photo © Mollie
(http://www.flickr.com/photos/ritapetita/sets/72157602237867737/with/1471547479/)
Bai Yun, qui avait été séparée de Mei Sheng début 2005, a pu participer à la saison des amours en avril de la même année et s'est accouplée naturellement avec Gao Gao. S'en est suivie la naissance de Su Lin ("petit bout très mignon" - lire l'article) le 2 août 2005 (lire l'article & lire l'article). Peu de temps avant la naissance de cette femelle, les scientifiques de San Diego avaient détecté deux fœtus dans l'utérus de Bai Yun (lire l'article) mais un des deux était mort dans l'utérus de la mère panda.
Su Lin, le 5 janvier 2008, sous la pluie au zoo de San Diego - Photo © Mollie
(http://www.flickr.com/photos/ritapetita/sets/72157603647100981/with/2169925155/)
Le 24 avril 2007, alors que Su Lin vit désormais dans son propre enclos, Bai Yun renouvelle l'exploit d'un accouplement naturel avec Gao Gao. Le 3 août 2007, nouvelle surprise au zoo, Bai Yun donne naissance à son quatrième petit (lire l'article), une femelle nommée Zhen Zhen ("précieuse" - lire l'article).
Une photo magnifique de Zhen Zhen, le 12 janvier 2008, au zoo de San Diego - Photo © Mollie
(http://www.flickr.com/photos/ritapetita/sets/72157603605680973/with/2194469937/)
Courant décembre 2008, le zoo de San Diego est parvenu à un accord avec l'Association Chinoise de Conservation de la Vie Sauvage (CWCA : China Wildlife Conservation Association) pour héberger cinq ans de plus des pandas géants (lire l'article). En effet, le prêt initial de 1996 arrivait à son terme 12 ans après, soit en 2008. Le tarif annuel de location est revu à la baisse, il est divisé par deux par rapport au tarif initial.
Fin janvier 2009, les soigneurs de San Diego entament le processus de séparation de Zhen Zhen et de sa mère (lire l'article). Quelques semaines plus tard, Bai Yun vit désormais à nouveau seule ce qui lui laisse le champ libre pour le printemps des amours qui arrive. Ainsi, le 15 avril 2009, elle s'accouple naturellement avec Gao Gao (lire l'article) puis donne naissance le 5 août 2009 pour la cinquième fois (lire l'article). Une nouvelle fois, alors que deux fœtus avaient été observés en juillet, l'un des deux s'est résorbé dans l'utérus de Bai Yun. Après un vote sur internet, le petit mâle reçoit son nom Yun Zi ("fils des nuages") lors d'une cérémonie organisée le 17 novembre 2009 au zoo (lire l'article).
A gauche, le nom "Yun Zi" dévoilé lors d'une cérémonie officielle ;
à droite, Yun Zi lors de l'examen de santé du 12 novembre 2009 - © SDZ
Yun Zi, le 26 novembre 2010, au zoo de San Diego - Photo © Mollie
(http://www.flickr.com/photos/ritapetita/sets/72157625353090413/with/5211933312/)
Le 25 septembre 2010 marque le départ de deux jeunes sœurs du zoo de San Diego, Su Lin et Zhen Zhen, vers leur pays ancestral (lire l'article). Su Lin est devenue mère pour la première fois le 7 juillet 2011 en donnant naissance à des jumeaux à la base de réintroduction d'Hetaoping (lire l'article) dont un seul a survécu. Elle vit avec son petit depuis le 23 octobre 2011 à la base de Yaan Bifengxia (lire l'article). Quant à Zhen Zhen, elle est hébergée depuis le 30 mars 2012 au Mount Emei Xianzhi Zhujian Ecological Park, dans la province chinoise du Sichuan.
Ainsi, à ce jour, le zoo de San Diego héberge trois pandas : Bai Yun, Gao Gao et Yun Zi ; que j'ai pu voir tous les trois le jour de ma visite.
Gao Gao est un mâle relativement âgé aujourd'hui et il est peu actif, hormis pendant la saison des amours. Malgré son nom qui signifie "gros gros", Gao Gao a la particularité d'être un petit mâle que ne pèse que 77 kilos et qui se voit désormais dépassé par son fils Yun Zi qui a atteint les 82 kilos. Quant à Bai Yun, elle pèse 116 kilos.
Gao Gao se donne à son activité favorite : manger le bambou - 27 mai 2012 - Photos © Jérôme Pouille
Bai Yun a été retirée de la vue du public le samedi 12 mai car suite à ses tentatives d'accouplement avec Gao Gao le 18 mars dernier, les soigneurs du zoo préfèrent ne prendre aucun risque et l'ont isolé pour limiter au maximum le stress lié au public et pour lui permettre de se reposer. Même si les vétérinaires du Département de physiologie de la reproduction ont déjà mené des échographies, sans anesthésie, ils ne peuvent confirmer une éventuelle gestation puisque à ce jour aucun fœtus n'a encore dû se développer (les pandas connaissent un phénomène de diapause embryonnaire, un intervalle de durée variable entre l'ovulation et l'implantation dans l'utérus du noyau de la cellule qui formera l'embryon et ainsi le début du développement fœtal).
Bai Yun, dans un enclos non accessible du public, est une mère confirmée qui a déjà élevé cinq petits connus dans le monde entier - 27 mai 2012 - Photo © Jérôme Pouille
Le jour de ma visite, j'ai pu constater que Gao Gao était rasé sous le ventre et aux pattes. Cela s'explique par le fait qu'avant la saison des amours, le mâle a bénéficié d'un examen médical approfondi, sous anesthésie. Les chercheurs l'ont donc rasé pour faciliter l'exploration de l'abdomen et des organes reproducteurs. Gao Gao a également subi un examen dentaire à cette occasion. Les pattes ont été rasées pour faciliter la pose d'aiguilles et d'appareils permettant de surveiller les constantes physiologiques de l'animal durant l'anesthésie.
Après le retrait de Bai Yun de son enclos, c'est Gao Gao qui l'a remplacé et Yun Zi a remplacé Gao Gao dans son enclos, dès le dimanche 13 mai. Il a consacré sa première matinée à investiguer l'enclos et les signaux chimiques déposés par Gao Gao précédemment, notamment lors de la saison des amours.
Yun Zi, âgé de 2 ans et presque 10 mois le jour de ma visite a dépassé le poids de son père Gao Gao et devrait encore grandir et grossir dans les deux prochaines années
27 mai 2012 - Photos © Jérôme Pouille
Le secteur du zoo de San Diego dédié aux pandas a changé plusieurs fois de nom depuis 1996 mais s'appelle aujourd'hui "Panda trek". La particularité du zoo de San Diego est que seuls deux enclos extérieurs sont visibles du public ; public qui n'a donc pas accès aux espaces intérieurs ni à d'autres enclos extérieurs à l'écart des allées principales. Le secteur panda est conçu pour accueillir au maximum six pandas.
L'entrée dans la zone chinoise, le Panda Trek, sponsorisé par la famille Barlin-Kahn
Sur les deux piles du porche d'entrée, les idéogrammes chinois de Bai Yun (à gauche) et de Gao Gao (à droite)
27 mai 2012 - Photos © Jérôme Pouille
Les espaces dédiés aux pandas comportent ainsi deux enclos extérieurs visibles du public, un bâtiment juste derrière ces deux enclos qui sert d'abris intérieurs pour les pandas, un bâtiment servant de station de recherche, un enclos extérieur à proximité de la boutique de souvenirs qui est difficilement visible par le public, et des enclos extérieurs en retrait non accessibles au public.
Les deux enclos extérieurs accessibles au public, situés dans la zone 1 sur la vue aérienne ci-dessous.
Le jour de ma visite, Gao Gao était dans l'enclos à gauche sur la photo, Yun Zi à droite dans l'enclos qui jouxte le centre de recherches et d'observation.
(source : San Diego Union Tribune, modifié par J. Pouille)
Vue générale sur l'enclos de gauche, celui de Gao Gao le jour de ma visite - 27 mai 2012 - Photo © Jérôme Pouille
3 vues sur l'enclos de droite, celui occupé par Yun Zi le jour de ma visite - 27 mai 2012 - Photos © Jérôme Pouille
Vue sur l'enclos où Bai Yun se trouvait le jour de ma visite. Cet enclos ne peut être qu'aperçu via de minuscules trous dans les palissades en bois.
27 mai 2012 - Photo © Jérôme Pouille
La configuration du site implique que seuls deux pandas sont visibles en même temps par le public, ceux situés dans les deux enclos extérieurs accessibles par le public, sauf lorsqu'un jeune vit encore avec sa mère Bai Yun où dans ce cas trois pandas se répartissent les deux enclos. En dehors de ce cas particulier, lorsque plus de deux pandas sont hébergés au zoo, un roulement est en place mais sur une période donnée, seuls deux pandas sont visibles.
Le jour de ma visite, ce sont Gao Gao et Yun Zi qui occupaient les deux enclos accessibles ; Bai Yun ayant été soustraite de la vue du public le samedi 12 mai précédant pour être au calme, les soigneurs soupçonnant qu'elle soit enceinte suite à son accouplement naturel avec Gao Gao en avril.
Yun Zi - 27 mai 2012- Photo © Jérôme Pouille
Généralement, Bai Yun est en permanence visible et occupe l'enclos de gauche ; celui de droite recevant par alternance Yun Zi ou Gao Gao. Le jour de ma visite, Bai Yun ayant été isolée en prévision d'une grossesse potentielle, Gao Gao occupait l'enclos de Bai Yun (celui de gauche) tandis que Yun Zi se trouvait dans celui de droite.
Bai Yun était quant à elle à l'abri dans un enclos qui jouxte une terrasse dédiée à la restauration ; enclos isolé par un mur en bois dans lequel deux petits trous permettent d'apercevoir légèrement l'intérieur de l'enclos.
Bai Yun est-elle pleine ou non cette année ? Trop tôt pour le dire - 27 mai 2012 - Photos © Pierre Chalier & Jérôme Pouille
Les deux enclos extérieurs accessibles au public sont relativement petits au regard de ceux que j'ai pu voir à Vienne, Madrid ou encore Beauval. Ils sont pauvres en verdure au sol même si des arbres fournissent de l'ombre et les pandas n'ont que peu d'alternatives que d'être en contact visuel avec la foule. Des objets d'enrichissement et des troncs d'arbres permettent cependant aux deux pandas de grimper et de s'occuper. Des trappes relient les deux enclos, elles jouent un rôle essentielle à la saison des amours pour que Bai Yun et Gao Gao s'habituent l'un à l'autre et ce pour limiter les agressions au moment de l'introduction, lorsque les portes s'ouvrent.
Trappe de communication entre les deux enclos reliés par un couloir.
Ce couloir est accessible à la saison des amours et les deux adultes peuvent ainsi interagir au travers de la grille avant l'introduction.
Deux allées sont dédiées au public devant les enclos. L'allée inférieure est consacrée au passage tandis que ceux qui souhaitent observer plus longuement les animaux doivent emprunter l'allée supérieure. Avant d'accéder aux grands pandas, le public rentre dans le "Panda trek" puis passe devant les enclos des takins et des pandas roux.
Les takins, cette espèce partage l'habitat du panda géant en Chine - 27 mai 2012 - Photo © Jérôme Pouille
Yun Zi - 27 mai 2012 - Photo © Jérôme Pouille
Un "panda shop" se trouve à proximité des enclos des pandas.
Toutes sortes d'articles griffés à l'effigie des pandas sont à acheter, dont certains faits à base de crottes de pandas.
27 mai 2012 - Photo © Jérôme Pouille
Depuis qu'il héberge des pandas, le zoo de San Diego est certainement l'un des zoos les plus impliqués dans la recherche scientifique sur l'espèce. Il héberge des chercheurs, accueille des thésards, finance de nombreuses recherches et a permis à la recherche scientifique consacrée au panda de faire de grands pas en avant.
Ce zoo étant le premier zoo américain à connaître des naissances, notamment avec Hua Mei, il a joué un rôle majeur sur les connaissances dans la reproduction des adultes, les changements hormonaux liés à la reproduction, les soins néonataux et le développement des jeunes. Très tôt, ce zoo a utilisé l'échographie pour caractériser la morphologie des systèmes reproducteurs mâle et femelle, pour décrire les évènements de la reproduction, comme guide pour l'insémination artificielle et pour le suivi des changements de l'utérus après l'accouplement, pour suivre le développement du fœtus et pour documenter le traitement et l'évolution des pathologies.
Un des thèmes majeurs inscrit au contrat initial est la recherche sur le système de communication chimique des pandas : comment le marquage odorant influence le comportement reproducteur, quelles sont les informations qui sont transmises par le biais du marquage, quels sont les liens entre marquage et état hormonal, comment varie la composition chimique du marquage au cours du temps, quelles sont les applications en milieu naturel... sont autant de questions sur lesquelles se sont penchés les scientifiques du zoo.
Ce zoo est également un pionnier dans les études sur l'enrichissement en environnement captif et ses conséquences sur le stress et le bien-être. Il a également documenté les facteurs de stress en captivité, notamment le bruit.
Enfin, le zoo de San Diego s'implique également dans des programmes de recherche dans le milieu naturel, particulièrement depuis 2006 dans la réserve naturelle de Foping. Les pandas sauvages y sont étudiés grâce à la radio-télémétrie (collier radio-émetteur). Par exemple, Ron Swaisgood a travaillé sur les caractéristiques d'une bonne tanière, adaptée pour une mère panda, sur la base d'observations de terrain dans cette réserve de Foping. Les prolongements sont nombreux notamment car le nombre de tanières est un facteur limitant des naissances à cause de la déforestation passée et l'insuffisance d'arbres suffisamment gros et âgés pour fournir une tanière naturelle. La piste d'aménagement de tanières artificielles est posée.
Un objet d'enrichissement placé dans l'enclos de Gao Gao, une balle percée dans laquelle est disposée de la nourriture
27 mai 2012 - Photo © Jérôme Pouille
Yun Zi dispose de plusieurs objets d'enrichissement : une balle, un miroir balancier et un hamac - 27 mai 2012 - Photos © Jérôme Pouille
Vidéo montrant Yun Zi interagir avec un miroir accroché sur un objet en balancier - 27 mai 2012 - Vidéo © pandas.fr
Des chercheurs comme Ronald Swaisgood, Donald Lindburg, Megan A. Owen, Nancy Czekala, Oliver Ryder, Meg Sutherland-Smith, Barbara Durrant ou encore Zhang Zejun ont signé pour le zoo de San Diego des dizaines de publications scientifiques sur les thèmes précités.
Le bâtiment où les chercheurs étudient les pandas, bâtiment qui jouxte l'enclos occupé par Yun Zi le jour de ma visite
27 mai 2012 - Photo © Jérôme Pouille
Yun Zi et sa soigneuse de l'autre côté de la grille - 27 mai 2012 - Photo © Jérôme Pouille
Rappelons que le prêt initial date de 1996 et était valable pour une durée de douze ans. Renouvelé en 2008 pour cinq années supplémentaires, il permet au zoo de San Diego de sécuriser l'hébergement de pandas jusqu'en 2013.
La grande question que l'on se pose aujourd'hui est sur ce qui va se passer à l'échéance 2013.
Les hypothèses formulées ici restent des hypothèses mais s'appuient sur des échanges concrets et des discussions concrètes qui ont déjà lieu entre les responsables du zoo de San Diego et la Chine, notamment avec l'Association Chinoise de Conservation de la Vie Sauvage (CWCA : China Wildlife Conservation Association) qui gère le contrat.
Sauf grande surprise, 2013 ne marquera pas la fin des pandas à San Diego. Comme expliqué ci-dessus, ce zoo a établi depuis de longue date des relations privilégiées avec les institutions chinoises chargées de la conservation du panda et participe activement au progrès scientifique sur la biologie de l'espèce mais aussi aux recherches scientifiques menées dans le milieu naturel. Les coopérations sont multiples, les échanges fréquents, le transfert de connaissances et de savoir-faire également. Il est inenvisageable que ces partenariats scientifiques cessent l'an prochain et pour que ces derniers demeurent, il est indispensable d'héberger sur place des individus de l'espèce.
Une fois tout cela dit, une question reste en suspens : quels seront les pandas visibles au zoo après 2013 ?
Les premières informations laissent penser que même si Gao Gao atteint un âge certain (il aura environ 21 ans en 2013), il sera conservé au zoo de San Diego dans l'hypothèse où l'accouplement avec Bai Yun de mars dernier se concrétise par une naissance. En effet, même si dans la nature les pandas n'ont pas de difficulté à se reproduire, en captivité la difficulté réside dans le choix d'appariement d'un mâle avec une femelle. Pour notre couple de San Diego, les deux animaux semblent parfaitement compatibles et compétents pour la reproduction puisque Gao Gao et Bai Yun ont donné naissance à quatre petits suite à des accouplements naturels ; le zoo de San Diego n'a donc aucun intérêt à souhaiter un changement de mâle tant qu'il demeure fertile. Au contraire, cela peut être une opportunité d'étudier et de documenter les capacités reproductrices des pandas âgés et ainsi mieux connaître l'âge limite de la fertilité chez les mâles. Par contre, si Bai Yun ne donne pas naissance cette année et que les vétérinaires en concluent à une baisse de fertilité du mâle, il est imaginable qu'il soit remplacé ; de même que Bai Yun peut-être car la question de la paire compatible "Gao Gao / Bai Yun" ne serait plus d'actualité.
Une autre hypothèse de taille pourrait être mise en œuvre à San Diego. Plusieurs études ont démontré la limite voire la non pertinence de la stratégie actuelle qui consiste à n'héberger qu'une paire de pandas par zoos. Il est en effet important que des jeunes mâles adultes aient accès à des femelles expérimentées (pour le développement de comportements reproducteurs appropriés), femelles qui doivent aussi pouvoir s'accoupler avec un mâle expérimenté approprié génétiquement. Pour permettre cela, plusieurs scientifiques ont démontré qu'il serait préférable de maintenir un petit groupe de pandas par institutions, et non seulement une paire, sur la base de compatibilités génétiques et comportementales. Les possibilités d'accouplement seraient également multipliées une même année donnée dans l'hypothèse où plusieurs mâles pourraient avoir accès à une femelle expérimentée, un mâle expérimenté et un ou plusieurs mâles plus jeunes inexpérimentés qui apprendraient ainsi le comportement de la reproduction en observant le mâle compétent et en s'essayant à l'exercice (les femelles restant réceptives quelques temps après un accouplement réussi). Des accouplements successifs et répétés maximisent également les chances d'une gestation. Les scientifiques se prononcent pour une stratégie d'accouplement multi-mâles même si elle présente aussi des risques, notamment de blessure en cas de compétition (dans la nature, les mâles peuvent fuir un combat ou une femelle avec laquelle ils ne seraient pas compatibles, ce qui est beaucoup plus difficile en captivité). Les chercheurs restent persuadés qu'il est possible d'offrir à un jeune mâle sans expérience l'accès à une femelle réceptive, notamment après qu'elle se soit accouplée avec un mâle expérimenté. C'est d'ailleurs souvent ce qui se passe dans le milieu naturel. Trois ou quatre pandas seraient un nombre minimum de pandas qui pourraient constituer un groupe plus pertinent pour une même institution.
Ainsi, on peut imaginer que le zoo de San Diego expérimente après 2013 cette stratégie d'hébergement d'un petit groupe de pandas et non d'une paire seule. On peut imaginer par exemple que le jeune mâle Yun Zi reste à San Diego et que de nouveaux individus viennent renforcer le couple "Gao Gao - Bai Yun" ou même viennent en remplacement de ce couple une fois la fertilité de Gao Gao diminuée.
Leur avenir au zoo ne semble pas perturber Yun Zi (en haut) et Gao Gao (en bas) qui profitent tous les deux d'un instant de repos
27 mai 2012 - Photos © Jérôme Pouille
Yun Zi - 27 mai 2012 - Photos © Jérôme Pouille et Pierre Chalier
Gao Gao - 27 mai 2012 - Photos © Jérôme Pouille
A lire : Toutes les actualités consacrées aux pandas géants du zoo de San Diego, aux Etats-Unis :
> 27 septembre 2010 : Su Lin et Zhen Zhen, du zoo de San Diego, rejoignent leur terre ancestrale
> 17 novembre 2009 : Le panda né au zoo de San Diego le 5 août dernier est nommé Yun Zi
> 5 août 2009 : Bai Yun donne naissance à son cinquième petit au zoo de San Diego
> 15 avril 2009 : Bai Yun et Gao Gao se sont accouplés au zoo de San Diego
> 29 janvier 2009 : Vers le sevrage progressif de Zhen Zhen au zoo de San Diego
> 15 décembre 2008 : Les pandas du zoo de San Diego vont rester cinq ans de plus
> 26 Novembre 2007 : Le bébé de San Diego nommé Zhen Zhen
> 23 Octobre 2007 : Des pandas nés hors de Chine rejoignent leur terre ancestrale
> 3 Août 2007 : Bai Yun donne naissance à son quatrième bébé à San Diego (USA)
> 30 Décembre 2005 : Su Lin fait ses débuts en public à San Diego
> 10 Novembre 2005 : Le bébé panda né à San Diego baptisé Su Lin
> 24 Août 2005 : Le bébé né à San Diego est une femelle
> 19 Août 2005 : Mei Sheng fête ses 2 ans
> 2 Août 2005 : Naissance d'un panda géant au zoo de San Diego
> 28 Juillet 2005 : Des jumeaux attendus à San Diego
> 13 Février 2004 : Hua Mei est arrivé en Chine
> 7 Février 2004 : Hua Mei quitte le zoo de San Diego pour la Chine
> 18 Décembre 2003 : Le bébé panda du zoo de San Diego reçoit un nom : Mei Sheng
> 10 Septembre 2003 : Zoo de San Diego (USA) : C'est un garçon !
> 19 Août 2003 : Zoo de San Diego (USA) : Naissance du premier panda de la portée jumelle
> 04 Août 2003 : Zoo de San Diego : Les ultrasons indiquent la présence de pandas jumeaux
> Avril 2003 : Peut-être des bébés à San Diego, Washington et Mexico
Galeries photos :
> Mei Sheng - Août et septembre 2003
> Su Lin - Chronique des six premiers mois de vie de Su Lin (août 2005 à janvier 2006)
Pour en savoir plus :
> Les photos de mon amie Mollie (lien Flickr)
> Le site officiel du zoo : sandiegozoo.org
> Davantage de photos sur la page facebook du site : facebook.com/pandas.fr
Visites de zoos et compte-rendus
Accès rapide aux chapitres de la page :
Nouveau point sur l'équipe chargée des pandas
Comment vont Huan Huan et Yuan Zi ?
Première expérience pour Huan Huan et Yuan Zi avec un objet d'enrichissement
Le jeudi 19 avril 2012, j'ai eu l'immense plaisir, au cours de ma visite au ZooParc de Beauval, d'échanger avec Delphine Pouvreau, responsable soigneuse en charge des pandas.
A cette occasion, je tiens tout particulièrement à remercier Delphine pour sa disponibilité, sa gentillesse et pour les informations riches et passionnantes qu'elle m'a livrées lors de notre échange ; ainsi que Rodolphe et Delphine Delord, respectivement directeur et directrice pédagogie et communication du zoo et Priscille Lacoste, attachée de presse, pour l'organisation de cette rencontre et leur disponibilité sans faille à répondre à mes sollicitations.
Autre élément phare de cette visite, dont je laisserai une large place dans cet article, la première confrontation de Huan Huan et Yuan Zi avec un objet d'enrichissement, une balle carrée garnie de pousses fraîches de bambous, fixée à une branche dans l'enclos extérieur. Là également, un grand merci à Delphine Pouvreau qui m'a informé de cette expérience et des débats qui ont précédé le choix de l'objet d'enrichissement.
Magnifique pagode chinoise dans le secteur "Sur les hauteurs de Chine" inauguré en 2011 et où se trouvent les installations des pandas
19 avril 2012 - Photo © Jérôme Pouille
Un porche typique marque sans aucun doute l'entrée dans le secteur asiatique du zoo - 19 avril 2012 - Photo © Jérôme Pouille
Yuan Zi (à gauche) et Huan Huan (à droite) sont magnifiques dans leur enclos - 19 avril 2012 - Photo © Jérôme Pouille
Huan Huan, le 19 avril 2012 - Photo © Jérôme Pouille
Nouveau point sur l'équipe chargée des pandas
Lors de ma visite du 7 février 2012, j'avais consacré dans mon compte-rendu de visite un paragraphe complet sur l'équipe chargée des pandas. Sans répéter les éléments déjà apportés, précisons ici la composition de l'équipe chargée des pandas ainsi que le rôle des deux chinois envoyés par la base de Chengdu d'où sont originaires Yuan Zi et Huan Huan.
Liu Li, vétérinaire, et Zhang Hao, soigneur, sont les deux chinois qui ont voyagé en même temps que Huan Huan et Yuan Zi et qui viennent en appui au personnel de Beauval. Leur rôle est crucial : ils connaissent particulièrement bien les deux animaux et conseillent et forment l'équipe française en charge des pandas. Zhang Hao supervise le choix des espèces de bambous qui sont distribuées aux pandas et s'est rendu à ce titre chez les deux fournisseurs du zoo. Zhang Hao est actuellement le seul à pratiquer le training auprès des deux pandas (voir ci après) mais incite activement Delphine Pouvreau, responsable soigneuse des pandas, à prendre progressivement le relais.
Zhang Hao et Liu Li observent le comportement des pandas et formulent des propositions quant à l'évolution des aménagements, notamment sur l'utilisation des enclos et sur les objets d'enrichissement à offrir aux animaux. Le jour de ma visite, un premier objet d'enrichissement a été présenté aux pandas et Zhang Hao a observé patiemment au bord de l'enclos, comme le public, les réactions de Huan Huan et Yuan Zi à cette nouveauté (voir ci après).
Liu Li et Zhang Hao resteront à Beauval jusqu'au 15 juillet, date à laquelle ils seront remplacés par une nouvelle équipe chinoise pour une nouvelle période de six mois. Des chinois devraient ainsi séjourner par alternance à Beauval durant les deux premières années.
Le reste de "l'équipe pandas" est composé de 5 personnes : Delphine (responsable soigneuse), Céline, Astride, Nathan (qui partage son temps avec les éléphants) et Jing Xin. Deux vétérinaires travaillent à temps plein au zoo et sont susceptibles d'intervenir à tout moment sur les pandas : Romain Potier et Baptiste Mullot. Notons que Romain est celui qui est préférentiellement en charge des pandas et d'ailleurs c'est lui qui va développer des sujets de recherche scientifique sur la biologie des pandas.
Rappelons que Delphine Pouvreau s'était rendue à la base de Chengdu avant l'arrivée du couple de pandas, où elle a passé 15 jours en formation auprès de ses homologues chinois.
Huan Huan, confortablement installée pour se nourrir de son mets préféré - 19 avril 2012 - Photo © Jérôme Pouille
Yuan Zi vaque aux mêmes occupations - 19 avril 2012 - Photo © Jérôme Pouille
Comment vont Huan Huan et Yuan Zi ?
Huan Huan et Yuan Zi vont bien. Ils se sont parfaitement acclimatés à leur nouveau pays, la France, m'a confié Delphine Pouvreau. Pour elle, les deux animaux n'ont été que très peu perturbés par le voyage et mis à part les deux premiers jours, ils n'ont pas exprimé de comportement traduisant une éventuelle perturbation.
Pesant approximativement 80 kilos avant leur départ de Chine, Huan Huan et Yuan Zi avaient perdu un peu de poids les premiers jours suivants leur arrivée en France. Ce phénomène était normal au regard du long voyage qu'ils avaient subi. Aujourd'hui, Delphine m'a indiqué qu'ils pesaient tous les deux aux alentours de 85 kilos et qu'il arrivait même parfois que la femelle dépasse le mâle.
Huan Huan (derrière) et Yuan Zi (devant) - 19 avril 2012 - Photo © Jérôme Pouille
Côté alimentation, et après avoir testé plusieurs espèces de bambous auprès de leurs deux fournisseurs, les espèces favorites des deux pandas semblent être mieux connues ; même si leurs préférences varieront certainement encore au fil des saisons. Ainsi, les espèces les plus couramment commandées et consommées sont Phyllostachys bissetii, Phyllostachys violascens, Phyllostachys bambusoides, Phyllostachys aureosulcata (spectabilis), Phyllostachys mitis, Phyllostachys humilis et Phyllostachys dulcis.
Huan Huan - 19 avril 2012 - Photo © Jérôme Pouille
Yuan Zi - 19 avril 2012 - Photo © Jérôme Pouille
Le ZooParc continue à s'appuyer sur deux fournisseurs :
- la bambouseraie Ambiances et bambous, à Faverelles (Loiret), dont j'avais interrogé Marc Cotentin le 1er mars dernier (lire l'article).
- la bambouseraie des Marmettes, à Fontguenand (Indre), que j'avais visité le 7 février dernier (lire l'article).
Compte-tenu de la taille assez critique de la bambouseraie de Jean Rête (bambouseraie des Marmettes), le zoo commande en plus grosse quantité à Marc Cotentin. Par exemple, en ce moment, le zoo commande entre 450 et 500 kilos auprès de Ambiances et bambous pour un approvisionnement les mardis et entre 100 et 150 kilos auprès de la bambouseraie de Fontguenand pour un approvisionnement les vendredis.
Du bambou frais est installé dans l'enclos extérieur alors que les pandas se trouvent à l'intérieur - 19 avril 2012 - Photo © Jérôme Pouille
Delphine m'a révélé que les deux pandas étaient très actifs, notamment à l'extérieur. Ils ont exploré la totalité du seul enclos extérieur auquel ils ont pour l'instant accès et s'adonnent à profusion dans les arbres, les plates-formes et autres aménagements ; si bien qu'ils ont endommagé plusieurs arbres qui devaient leur procurer de l'ombre pour l'été. Du coup, certains d'entre eux ont été protégés via des fils électriques et le second enclos extérieur est en cours de réajustement pour mieux protéger la végétation nécessaire pour fournir de l'ombre lors des journées chaudes. Les pandas devraient avoir accès à ce second enclos, de même qu'au premier en même temps, d'ici quelques semaines. Les deux jeunes animaux jouent souvent ensemble et leurs jeux sont parfois musclés si bien qu'il arrive même qu'ils se griffent entre eux ! Bref, ces deux pandas avaient la réputation d'être très actifs et ils le démontrent aussi à Beauval !
Huan Huan perchée dans un des arbres qui devait initialement pousser et fournir de l'ombre pour l'été - 19 avril 2012 - Photo © Jérôme Pouille
La parade est de protéger les arbres par des fils électriques pour dissuader les pandas d'y grimper - 19 avril 2012 - Photo © Jérôme Pouille
Second enclos extérieur, inoccupé jusqu'à aujourd'hui mais en cours de réajustement pour que les pandas y aient accès dans les prochaines semaines
19 avril 2012 - Photo © Jérôme Pouille
A l'intérieur, les deux animaux ont en général accès aux deux enclos.
Les installations des pandas se composent de deux enclos extérieurs, d'une superficie totale de 2 000 m²,
et d'un bâtiment qui comprend deux enclos intérieurs, d'une superficie totale de 400 m²,
et des locaux non visibles du public situés au-dessous des allées piétonnes couvertes qui permettent de faire le tour des enclos intérieurs.
Les pandas géants (62 et 63) ont pour voisins les pandas roux (61) et les panthères des neiges (à gauche).
Les pandas roux occupent l'enclos voisin de celui des grands pandas - 19 avril 2012 - Photos © Jérôme Pouille
A noter que l'enclos extérieur de droite sur le plan est surplombé par une ligne haute tension EDF. Les chinois sont chagrinés par cette ligne mais l'enfouissement, le cas échéant, serait à la charge du zoo. Le zoo réfléchit à financer l'enfouissement de cette ligne.
La ligne électrique EDF est visible sur cette photo alors que Huan Huan se repose dans une position atypique - 19 avril 2012 - Photo © Mathieu Raynal
Yuan Zi (à gauche) et Huan Huan (à droite) - 19 avril 2012 - Photo © Jérôme Pouille
Dans mon compte-rendu de visite du 7 février dernier, j'avais présenté un croquis des installations à l'intérieur du bâtiment de forme rectangulaire, dénommé "Centre de conservation et de reproduction des pandas géants". Or, le plan manquait de précision et Delphine m'a aidé à le corriger, en voici une version plus exacte (pour le détail de chaque pièce, se référer à mon compte-rendu du 7 février) :
L'entrée du bâtiment accessible au public, d'où les visiteurs peuvent voir les pandas dans leurs enclos intérieurs - 19 avril 2012 - Photo © Jérôme Pouille
Yuan Zi dans l'enclos intérieur le plus grand - 19 avril 2012 - Photo © Jérôme Pouille
Huan Huan et Yuan Zi sont de jeunes pandas et il est crucial de les initier au training, un apprentissage également dénommé conditionnement opérant, qui consiste à apprendre aux pandas d'adopter telle ou telle position, selon l'ordre donné, en échange d'une récompense. Ce training relève toute son importance lorsqu'il s'agit de pratiquer des examens médicaux simples, non invasifs, et permet ainsi d'éviter des anesthésies à répétition ainsi que du stress.
Depuis leur arrivée à Beauval, c'est le soigneur chinois Zhang Hao qui pratique le training sur les deux pandas. Il leur apprend à se tenir assis, debout, couché, agrippé aux barreaux -offrant ainsi la possibilité à l'examinateur d'apercevoir l'abdomen et les organes génitaux -, à ouvrir grand la bouche, ou encore à être immobile. Les récompenses consistent en des granulés follivores et des pommes. Sans tarder, le zoo va aménager les grilles donnant vers le bâtiment afin d'y installer une gouttière métallique qui permettra au soigneur d'apprendre aux pandas à y poser leur patte dedans afin par exemple de procéder à une prise de sang.
Delphine Pouvreau m'a expliqué que le mâle est pour l'instant plus disposé et plus patient que Huan Huan, il se prête par exemple sans faute à l'exercice de la gueule grande ouverte. Zhang Hao, présent au zoo le jour de ma visite, vient interpeller Delphine pour lui proposer sans tarder de se former au training mais le passage de relais est complexe car le training c'est avant tout une relation de proximité entre l'animal et un soigneur référent et il est toujours délicat d'impliquer plusieurs acteurs dans cette tâche.
Huan Huan - 19 avril 2012 - Photos © Jérôme Pouille
Yuan Zi - 19 avril 2012 - Photos © Jérôme Pouille
Première expérience pour Huan Huan et Yuan Zi avec un objet d'enrichissement
Dans la nature, la principale activité des pandas sauvages est la recherche de nourriture et sa consommation. En captivité, les pandas n'ont pas à chercher leur nourriture qui leur est distribuée à volonté ou presque. De même, avec les compléments nutritifs riches en énergie qu'ils reçoivent, globalement les pandas captifs passent moins de temps par jour pour leur alimentation que leurs congénères sauvages. Ce temps libre pour les pandas captifs doit être occupé avec d'autres activités afin qu'ils ne s'ennuient pas et qu'ils n'expriment pas de comportement stéréotypé.
Susciter des activités nouvelles à l'aide d'objets ou de stratégies permettent d'enrichir le quotidien des animaux et ainsi améliorer leur bien-être. Il a été démontré que l'enrichissement avait un impact majeur sur plusieurs indices du bien-être psychologique. Les pandas régulièrement confrontés à des objets ou des stratégies d'enrichissement sont plus actifs et engagés dans des comportements divers de jeu et de non jeu. Ils expriment ainsi moins de comportements stéréotypés et montrent des signes de bien-être même en l'absence d'interaction directe avec un objet d'enrichissement. Par exemple, des études au zoo de San Diego (Etats-Unis) ont démontré que l'enrichissement occupait 2 à 3% du temps des pandas et améliorait le bien-être plus tard dans la journée.
Par exemple, les animaux peuvent se voir offrir des blocs de glace avec de la nourriture emprisonnée ce qui allonge le temps d'occupation et sollicite la mastication ; les biscuits hautement fibreux et durs riches en énergie longs à mâcher et à ingérer remplissent un peu le même rôle. L'emploi de "puzzle nutritif" contenant des pommes, carottes, biscuits incite l'animal à le manipuler pour en extraire la nourriture. La fréquence et l'heure des repas doivent varier pour limiter l'attente de la nourriture souvent couplée à des comportements stéréotypés. Des objets manipulables sont également offerts dans les programmes d'enrichissement. Ils sont choisis sur la base de leurs propriétés physiques qui facilitent des opportunités comportementales différentes.
De plus en plus de zoos abritant des pandas mettent en place des plans d'enrichissement, qui consistent en fait en une série de mesures visant à améliorer l'environnement des animaux captifs. Cet environnement concerne la structure même de l'enclos et de l'habitat mais aussi le rôle et l'importance de l'ensemble des objets mis à la disposition des animaux. L'enclos et ces objets doivent tous les deux avoir pour objectifs de développer, de stimuler et d'augmenter les choix comportementaux des animaux captifs pour que le comportement de ces derniers se rapproche le plus possible de celui de leurs congénères sauvages. Le but est bien de lutter contre l'apparition de comportements stéréotypés (exemple : l'animal tourne en rond dans son enclos) et de privilégier et stimuler le maintien de comportements physiques et mentaux normaux.
Avant de retenir et de remettre un accessoire aux animaux, ce dernier fait l'objet d'une étude spécifique pour vérifier qu'il remplisse un certain nombre de critères (exemple : s'assurer qu'il ne présente pas de danger pour l'animal, le personnel, les visiteurs ; s'assurer qu'il ne peut pas être ingéré ; s'assurer qu'il remplisse un objectif comportemental préalablement défini...). De la même façon, l'accessoire remis fait à posteriori l'objet d'une évaluation, ce qui permet d'améliorer les futurs objets.
Les plans d'enrichissement intègrent principalement 5 facteurs : le développement des comportements communicatifs, la variété des habitats de l'enclos (y compris la végétation, les points d'eau, les zones d'ombre...), le développement des opportunités sensorielles, le développement des opportunités cognitives, le développement des activités liées à la nutrition (cacher les aliments, éparpiller la nourriture...).
A Beauval, inutile de revenir sur les aménagements des enclos qui ont été pensés pour offrir aux deux pandas un environnement diversifié, riche, offrant une multitude de possibilités et d'activités.
Par contre, pour l'instant, l'équipe de soigneurs n'avait pas encore introduit d'objet d'enrichissement dans les enclos. Le jour de ma visite, Zhang Hao a interpellé Delphine pour lui demander son avis sur l'introduction potentielle d'un objet d'enrichissement en début d'après-midi. Zhang Hao évoque un sac en toile de jute (cet objet a déjà été offert dans d'autres zoos hébergeant des pandas) mais Delphine lui émet des réserves de sa direction sur cet objet et ils conviennent tous les deux de proposer plutôt une grosse balle en plastique dans laquelle seront glissées des pousses fraîches de bambous.
Ainsi, alors que Huan Huan et Yuan Zi sont rentrés dans leur enclos intérieur, les soigneurs pendent à un arbre la balle sélectionnée dans laquelle ils ont préalablement coincé des pousses fraîches de bambous. Va alors commencer l'observation du comportement des deux pandas une fois qu'ils rentreront dans l'enclos extérieur.
Gros plan sur l'objet d'enrichissement offert aux deux pandas - 19 avril 2012 - Photo © Jérôme Pouille
La balle est accrochée à une plate-forme - 19 avril 2012 - Photo © Jérôme Pouille
Huan Huan et Yuan Zi font leur entrée dans l'enclos extérieur. Dans un premier temps, ils restent vers le bassin et la cascade puis rejoignent progressivement les tas de bambous fraîchement disposés et répartis dans l'enclos. Malgré les appels à répétition de Zhang Hao, qui scande le nom des deux pandas, ces derniers font comme si de rien était et continuent à manger les bambous qu'ils ont pu trouver. Progressivement, les pandas se déplacent de tas de bambous en tas de bambous mais n'aperçoivent toujours pas l'objet inédit placé dans leur enclos.
Ce n'est que plus d'une heure plus tard que la femelle, Huan Huan, semblant rejeter un des tas de bambous, s'approche d'un nouveau tas, celui posé à proximité immédiate de l'objet suspendu. Elle remarque alors immédiatement la nouveauté et s'en approche prudemment. Elle va se déplacer un peu autour de la balle et lève la tête tout en cambrant légèrement le dos mais ne va à aucun moment toucher l'objet. Elle va préférer s'en éloigner pour rejoindre les bambous qui valaient initialement sa venue dans le secteur. Pendant ce temps le mâle mange encore les pousses d'un des tas plus loin.
Huan Huan, intriguée par l'objet, va s'en approcher mais avec beaucoup de vigilance, avant de s'en détourner pour rejoindre les bambous à proximité
19 avril 2012 - Photos © Jérôme Pouille
Une quainzaine de minutes plus tard, Yuan Zi termine d'explorer les tiges d'un des tas de bambous puis rejoint le secteur de la femelle où un autre tas de bambous est disposé. Immédiatement, il remarque à son tour la balle suspendue. Comme la femelle, il va s'en approcher doucement tout en levant la tête et cambrant le dos. Puis il tend rapidement la patte qui entre en contact avec l'objet. Surpris par le mouvement de balancier induit par le coup de patte, Yuan Zi recule immédiatement tout en gardant un œil attentif sur la balle. Il réitère le coup de patte à trois ou quatre reprises, suivi du même comportement de recul en arrière devant le balancement de la balle. Il va alors se tenir debout sur son postérieur pour observer à distance la balle avant de la toucher à nouveau avec sa patte. La femelle tourne de temps en temps la tête pour voir ce que fait Yuan Zi. Toujours surpris par le mouvement de balancier, Yuan Zi recule puis semble ne pas vouloir s'épuiser à comprendre ce dont il s'agit et préfère alors se tourner à son tour vers le tas de bambous où Huan Huan mange déjà.
Yuan Zi tente le contact avec l'objet mais semble effrayé par le mouvement de balancier de la balle, observé par Huan Huan
19 avril 2012 - Photos © Jérôme Pouille
Extrait vidéo montrant la réaction de Yuan Zi face à l'objet d'enrichissement - 19 avril 2012 - Vidéo © Mathieu Raynal
Vers 15h, j'ai ré-interrogé le personnel du zoo qui m'a avoué que ni Huan Huan ni Yuan Zi n'étaient retournés vers la balle. A cette heure-ci, les deux animaux se reposent chacun de leur côté.
Huan Huan, le 19 avril 2012 - Photos © Jérôme Pouille et Mathieu Raynal
Yuan Zi, le 19 avril 2012 - Photos © Jérôme Pouille et Mathieu Raynal
Complicités entre Huan Huan (à gauche sur les trois photos) et Yuan Zi (à droite) - 19 avril 2012 - Photos © Jérôme Pouille
19 avril 2012 - Photo © Jérôme Pouille
> Pandas en France : de Vincennes à Beauval : la page du site consacrée aux pandas français avec notamment toute l'information concernant les pandas du ZooParc de Beauval
> Mon compte-rendu de visite du 7 février 2012 au zoo de Beauval
> Site officiel du ZooParc de Beauval
> Blog du ZooParc de Beauval consacré aux pandas : pandas.zoobeauval.com
Visites de zoos et compte-rendus
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L'équipe chargée des pandas et la recherche scientifique
Les premières semaines de Huan Huan et Yuan Zi à Beauval
J'ai eu l'immense privilège d'être accueilli le mardi 7 février par Rodolphe Delord, le directeur du zoo, pour une visite exceptionnelle avant l'ouverture au public des installations dédiées à Yuan Zi et Huan Huan. J'ai effectué cette visite inédite avec trois membres de l'équipe d'Actu'Zoo que je remercie pour leur sympathie et pour les informations qu'ils m'ont confiées.
L'entrée du zoo aux couleurs du couple de pandas - 14 janvier 2012 - Photo © Jérôme Pouille
Visite du 7 février 2012 alors que le zoo est fermé au public pour cause de neige (Photo © Jérôme Pouille)
L'équipe chargée des pandas et la recherche scientifique
Sans revenir sur les détails des négociations et de la journée d'arrivée (dimanche 15 janvier 2012) qui ont été amplement décrits sur ce site, retenons que Rodolphe Delord, directeur du zoo de Beauval, s'est rendu en Chine une quinzaine de fois en cinq ans pour faire avancer le dossier. L'arrivée de Huan Huan et Yuan Zi en France marque donc l'aboutissement d'années de travail, d'efforts personnels et financiers et de collaboration avec les autorités et les institutions chinoises. Notons également que l'idée d'héberger des pandas à Beuval est née de Françoise Delord, la fondatrice du ZooParc et mère de Rodolphe. Enfin, relevons la forte implication de Delphine Delord, sœur de Rodolphe, directrice pédagogie et communication du zoo et également vice-présidente de l'Association Beauval Conservation et Recherche.
Rodolphe Delord et les deux pensionnaires noirs et blancs de son ZooParc
7 février 2012 - Photo et remerciements © Damien Rochelle (Actu'Zoo)
L'équipe française directement chargée des pandas se compose actuellement de quatre personnes et sera rejoint probablement prochainement par une cinquième personne. Cette équipe a en charge les koalas et les pandas au zoo. C'est Delphine Pouvreau, présente à Beauval depuis plus de 10 ans, qui s'est vu confier le poste de responsable soigneur des pandas en plus de celui des koalas qu'elle occupe depuis 2002. Préalablement au transfert des pandas en France, Delphine s'est d'ailleurs rendue à la base de Chengdu pour suivre une formation pratique afin de connaître les bons gestes à réaliser avec les grands pandas.
Enfin, deux chinois de la base de Chengdu assisteront pendant les deux premières années l'équipe française. Ces chinois devraient tourner par période de six mois. Actuellement, ce sont Liu Li, vétérinaire, et Zhang Hao, soigneur, qui séjournent à Beauval. Ils ont fait le voyage dans l'avion qui a affrété les pandas en France.
La coopération va se poursuivre entre les vétérinaires chinois et français. Le zoo de Beauval, très en pointe sur l'élevage en captivité de nombreuses espèces, va apporter son savoir-faire et ses compétences aux chinois, notamment auprès d'homologues dans des zoos en Chine. Cet aspect fait partie du contrat de location des deux pandas signé entre l'Association chinoise des jardins zoologiques et le zoo de Beauval.
D'autres thèmes scientifiques vont être développés autour du panda. Un des axes majeurs de recherche sur lequel souhaite s'investir le zoo de Beauval est l'étude de la croissance des jeunes, notamment grâce à la radiographie.
Enfin, ce prêt étant en réalité une location, et même si le montant important est tenu secret, Rodolphe Delord a indiqué que les fonds versés à la Chine seraient employés entre autres pour cofinancer le quatrième recensement national des pandas sauvages, débuté en 2011, et pour cofinancer le programme de formation de jeunes pandas à la vie en milieu naturel lancé par la base de Chengdu en janvier 2012. Le zoo sera destinataire d'un rapport annuel sur l'utilisation des fonds.
Les installations des pandas se composent de deux enclos extérieurs, d'une superficie totale de 2 000 m², et d'un bâtiment qui comprend deux enclos intérieurs, d'une superficie totale de 400 m², et des locaux non visibles du public situés au-dessous des allées piétonnes couvertes qui permettent de faire le tour des enclos intérieurs.
Le porche d'entrée dans le secteur "Sur les hauteurs de Chine" où se trouvent entre autres les installations des pandas
14 janvier 2012 - Photos © Jérôme Pouille
Un des deux enclos extérieurs, sous la neige, le 7 février 2012 (Photo © Jérôme Pouille)
Ce bâtiment de forme rectangulaire, dénommé "Centre de conservation et de reproduction des pandas géants", abrite deux enclos intérieurs enterrés climatisés, dont un est plus grand que l'autre, d'une superficie cumulée de 400 m². Le public rentre dans le niveau supérieur du bâtiment après être passé par un grand porche typique chinois et peut alors observer via les grandes surfaces vitrées les pandas dans les enclos intérieurs en contrebas. Le cheminement piéton du niveau supérieur du bâtiment est décoré avec de grands vases chinois et de magnifiques luminaires traditionnels rouge et or ornementant le plafond.
Accès aux enclos intérieurs des pandas géants - 14 janvier 2012 - Photo © Jérôme Pouille
Cheminement piéton pour observer les pandas dans leurs enclos intérieurs.
Ce cheminement est situé au dessous des parties techniques non accessibles au public.
14 janvier 2012 - Photo © Jérôme Pouille
L'accès au niveau inférieur du bâtiment, réservé au personnel - 14 janvier 2012 - Photo © Jérôme Pouille
L'accès au niveau inférieur du bâtiment, réservé au personnel - 7 février 2012 - Photo et remerciements © Alexandre Petry (Actu'Zoo)
Le niveau inférieur du bâtiment, situé sous les espaces piétons supérieurs (les enclos intérieurs font la hauteur des deux niveaux, cheminement supérieur accessible au public, et niveau inférieur du bâtiment réservé au personnel), est inaccessible au public. Ce niveau inférieur comporte une chambre froide de 35 m² pour le stockage des bambous, un bureau qui sert aussi de salle vidéo (les enclos sont tous équipés de caméras vidéos qui filment les pandas 24h/24, le zoo réfléchit d'ailleurs à diffuser ces images sur internet comme le font certains zoos américains), un laboratoire dans lequel est déjà installé un incubateur qui servirait potentiellement en cas de naissance, une pièce où le personnel se réunit, inscrit des annotations sur un tableau blanc et prépare la nourriture. Enfin, un long couloir dessert quatre loges de nuit qui communiquent avec les enclos intérieurs via des trappes. Dans ce bâtiment, une grande porte permet l'accès aux enclos intérieurs et deux espaces avec des barreaux permettent d'avoir un contact plus aisé avec les animaux lorsqu'ils sont dans leurs enclos intérieurs. Ces barreaux permettent la distribution de nourriture mais sont aussi équipés pour l'entraînement des pandas à donner la patte par exemple ou autre.
Plan des espaces techniques et des enclos du bâtiment
Chambre froide pour le stockage du bambou afin qu'il garde ses qualités nutritives.
Pour cela, une petite pluie artificielle arrose le bambou toutes les 15 minutes.
7 février 2012 - Photo et remerciements © Alexandre Petry (Actu'Zoo)
Petit bureau et salle vidéo - 7 février 2012 - Photo et remerciements © Alexandre Petry (Actu'Zoo)
Laboratoire dans lequel a été installé un incubateur, en prévision d'une naissance future (noté "espace soins vétérinaires" sur le plan)
7 février 2012 - Photos © Jérôme Pouille
Grande salle où se réunit l'équipe en charge des pandas (notée "espace équipe des pandas" sur le plan)
7 février 2012 - Photo © Jérôme Pouille
Les deux enclos intérieurs comportent plusieurs trappes qui permettent une communication entre les deux enclos intérieurs mais aussi avec les enclos extérieurs et les loges de nuit. Des rochers artificiels, un bassin et des structures en bois sont disposés dans les enclos intérieurs ; de même qu'un abreuvoir qui distribue de l'eau claire. Les murs sont recouverts de fresques imitant l'habitat naturel du panda.
Les deux enclos extérieurs sont séparés par des rochers artificiels mais des trappes permettent également une communication entre les deux. Chaque enclos extérieur dispose de structures en bois et des plates-formes où les animaux peuvent grimper, des rochers artificiels, des bassins, des cascades et de la végétation.
Dans un premier temps, les pandas encore immatures seront la plupart du temps ensemble et ne seront séparés qu'une fois qu'ils auront atteint l'âge de se reproduire (vers 5-6 ans).
4 à 5 millions d'euros ont été investis par le zoo dans ces aménagements dédiés aux pandas et entièrement conçus par Rodolphe Delord.
Lors de ma visite, Rodolphe Delord a expliqué qu'une centaine de kilos de bambous était offerte chaque jour au couple de pandas, même si les deux pandas n'en mangent que 20 à 30 kilos chacun quotidiennement.
La quantité de nourriture offerte aux pandas est systématiquement pesée, de même que les restes et les crottes, afin de connaître précisément les quantités ingérées par les deux animaux.
Balance et support pour peser et préparer le bambou offert aux pandas, situés à l'entrée du bâtiment non accessible au public
7 février 2012 - Photos © Jérôme Pouille
A ce jour, le zoo s'appuie sur trois fournisseurs :
- la bambouseraie des Marmettes, à Fontguenand (Indre).
- Ambiances et bambous, à Faverelles (Loiret).
- RezO'Plant, à Montauriol (Lot-et-Garonne).
J'avais questionné le 25 janvier dernier (lire l'article), Thomas de Reze, chargé de recherches et développement à RezO-Plant.
Le mardi 7 février après-midi, j'ai rencontré Jean Rête, le fondateur et responsable de la bambouseraie des Marmettes, située à une vingtaine de kilomètres du zoo de Beauval. Je le remercie pour son accueil sympathique ainsi que pour le temps qu'il m'a consacré pour cette visite.
Jean Rête, le fondateur de la bambouseraie des Marmettes, à Fontguenand, dans l'Indre.
7 février 2012 - Photo © Jérôme Pouille
Même si Jean Rête m'avoue pouvoir être à la retraite depuis quelques années, il continue malgré tout à s'occuper, avec l'appui d'un employé, de la bambouseraie qu'il a fondé en septembre 1998, dans l'attente d'un repreneur. Il cultive sur une surface de 2 hectares une quarantaine d'espèces de bambous qu'il commercialise aux particuliers et aux entreprises.
Dans le "chalet" sans électricité installé à l'entrée du parc et qui fait office de bureau, impossible de rater le cadre avec une magnifique photo de panda. Jean Rête m'explique que le zoo de Beauval s'est rapproché de lui il y a maintenant presque un an pour assurer une partie de son approvisionnement en bambous pour ses nouveaux pensionnaires noir et blanc.
Juste après l'arrivée des deux pandas en France, Zhang Hao, le soigneur chinois, est venu à la bambouseraie sélectionner quelques espèces. « Il a choisi des échantillons de différentes variétés, pour les faire goûter petit à petit aux pandas, explique Jean Rête.
Et c'est ainsi qu'actuellement deux fois par semaine des employés du zoo viennent chercher la commande qu'ils ont en général passé la veille. Après des essais de plusieurs espèces de bambous, le zoo commande en ce moment 3 espèces à Jean Rête : Phyllostachys humilis, Phyllostachys bissetii et Phyllostachys dulcis. La dernière commande porte sur 100 kg de chacune des trois espèces, l'avant-dernière ne comprenait que 250 kilos (100 kg de P. humilis, 100 kg de P. bissetii et 50 kg de P. dulcis).
Phyllostachys bissetiii, une des trois espèces envoyées à Beauval le jour de ma visite
Bambouseraie des Marmettes - 7 février 2012 - Photo © Jérôme Pouille
Phyllostachys humilis, choisie par le zoo de Beauval
Bambouseraie des Marmettes - 7 février 2012 - Photos © Jérôme Pouille
Phyllostachys dulcis, dont la canne est plus grosse que les deux autres espèces commandées début février par Beauval.
Bambouseraie des Marmettes - 7 février 2012 - Photos © Jérôme Pouille
Il a également envoyé, en quantités plus restreintes, du Phyllostachys viridis et du Phyllostachys violascens.
Phyllostachys viridis, le 7 février 2012, à la bambouseraie des Marmettes - Photo © Jérôme Pouille
Phyllostachys violascens, envoyé à Beauval après l'arrivée des pandas.
La bambouseraie des Marmettes a quasiment épuisé ses pieds de cette espèce.
7 février 2012 - Photos © Jérôme Pouille
Une fois coupés au ras du sol, la totalité des bambous est conditionnée en fagots de 10 kilos et de 3 mètres de long et triée par espèce. Le zoo lui a prêté une balance afin de calibrer les fagots.
Jean Rête cultive ses bambous sans apport en nitrate et sans pesticide.
En complément du bambou servi à huit reprises dans la journée, le zoo de Beauval fournit également des pommes aux deux pandas ainsi que 150 grammes de granulés folivores (à base de végétaux et vitamines) par jour et par animaux.
Les premières semaines de Huan Huan et Yuan Zi à Beauval
Le jour de ma visite, cela faisait plus de trois semaines que la femelle Huan Huan et le mâle Yuan Zi étaient installés dans leur résidence à Beauval, où ils vont rester durant dix ans. Pour l'instant, le public n'a pas accès aux pandas car ces derniers sont en quarantaine et ce pour une durée de quatre semaines comme l'exige la base de Chengdu d'où sont originaires les animaux. Seuls la presse et quelques privilégiés ont pu avoir un accès anticipé pendant cette période.
Selon Rodolphe Delord, les deux pandas se sont parfaitement acclimatés à leur nouvel environnement. Ils ont perdu entre 5 et 6 kilos chacun après leur arrivée en France ; cette perte de poids étant due au voyage et à l'habituation aux nouveaux bambous. Mais depuis ils ont repris leurs kilos perdus et vont poursuivre normalement leur croissance.
Pour l'instant, et ce durant la période de quarantaine, la paire de pandas est restée à l'intérieur et les deux animaux n'ont pas encore découvert leurs enclos extérieurs.
L'ouverture au public, qui signait également la fin de la quarantaine, devait avoir lieu samedi 11 février dernier. Malheureusement, la neige recouvrant les allées du zoo, ce dernier a été entièrement fermé au public jusqu'à nouvel ordre.
Huan Huan, le 7 février 2012, dans l'enclos intérieur (Photo © Jérôme Pouille)
Yuan Zi, le 7 février 2012 (Photos © Jérôme Pouille)
Huan Huan, le 7 février 2012 (Photos © Jérôme Pouille)
Yuan Zi, le 7 février 2012 (Photo © Jérôme Pouille)
> Pandas en France : de Vincennes à Beauval : la page du site consacrée aux pandas français avec notamment toute l'information concernant les pandas du ZooParc de Beauval
> Site officiel du ZooParc de Beauval
> Blog du ZooParc de Beauval consacré aux pandas : pandas.zoobeauval.com
Visites de zoos et compte-rendus
Accès rapide aux chapitres de la page :
Historique des pandas hébergés au zoo de Madrid
Les pandas présents aujourd'hui à Madrid
Le zoo aquarium de Madrid est le second plus vieux zoo du monde (le plus vieux étant le zoo de Schönbrunn à Vienne, en Autriche). Il a été fondé en 1770 par le roi Charles III, se situait initialement dans le parc Retiro et exposait des espèces des colonies américaines. Les nouvelles installations du zoo de Madrid ont été construites en 1972 et se situent dans le grand parc urbain Casa de Campo, à environ 20 minutes du centre-ville de Madrid.
Le zoo de Madrid actuel, d'environ 20 hectares, comprend un zoo, un aquarium, un delphinarium et une volière. Il est géré par le groupe Parques Reunidos, un groupe espagnol qui gère de nombreux zoos et parcs de loisirs dans le monde entier.
J'ai visité ce zoo le mercredi 8 juin 2011 et vous trouverez dans cet article une description des installations et des pandas qui se trouvent actuellement au zoo de Madrid ; ainsi qu'un historique des pandas géants hébergés dans cette institution.
Entrée du zoo aquarium de Madrid, au cœur du parc Casa de Campo
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Plan du zoo aquarium de Madrid - L'installation des pandas est cerclée en rouge
De De, de repos sur une plate-forme dans l'enclos extérieur noté N°2 dans le schéma plus bas, le 8 juin 2011
Historique des pandas hébergés au zoo de Madrid
Historiquement, le zoo de Madrid a déjà hébergé un couple de pandas. Une paire de pandas, la femelle Shao Shao et le mâle Chang Chang, avaient été offerts par la Chine au roi d'Espagne Juan Carlos lors de sa visite en Chine en juin 1978 et sont arrivés au zoo de Madrid le 24 décembre 1978. Ils sont arrivés par avion à 20h30 à l'aéroport de Barajas (Madrid) après une escale à Bucarest.
Le 29 juillet 1978, le roi Juan Carlos reçoit les administrateurs des zoos de Beijing et Madrid
La femelle Shao Shao, née au zoo de Beijing le 18 septembre 1975, était donc âgée d'un peu plus de 3 ans à son arrivée à Madrid. Elle est décédée à Madrid le 23 octobre 1983 d'une infection intestinale. Le mâle Chang Chang est né dans le milieu naturel et sa date de naissance est estimée à 1971. Il a été capturé en décembre 1976 puis envoyé plus tard au zoo de Beijing. Il est mort à Madrid le 13 octobre 1995 d'un accident vasculaire cérébral.
Au printemps 1982, le 25 mars au matin, Chang Chang et Shao Shao se sont accouplés à 9 reprises mais devant l'échec quasi certain de cet accouplement naturel, la femelle Shao Shao a en parallèle été inséminée à trois reprises (les 27, 28 et 29 mars 1982) avec de la semence d'un autre mâle, Chia Chia, alors hébergé au zoo de Londres. Shao Shao donna naissance à des jumeaux, un mâle de 110 grammes et une femelle de 75 grammes, le 4 septembre 1982 respectivement à 2h50 et 4h00 du matin ; mais seul le mâle Chu Lin, élevé par sa mère, a survécu. Sa jumelle, délaissée par sa mère et placée en incubateur, est morte 3 jours après sa naissance d'une pneumonie et d'une méningite. Chu Lin a vécu au zoo jusqu'au 29 avril 1996, date de sa mort due à des désordres intestinaux. Les tests génétiques n'existant pas à cette époque, il n'a jamais été démontré que Chia Chia était indiscutablement le père de ces jumeaux. Cependant, c'est fort probable car les observateurs de l'accouplement naturel sont presque sûrs qu'il n'a pas réussi.
Chang Chang et Shao Shao s'accouplent le 25 mars 1982
Insémination artificielle de Shao Shao (gauche) qui aboutit à la naissance de Chu Lin (droite)
Chu Lin et sa mère, en 1982 (3 premières photos),
Chu Lin âgé de quelques semaines (4ème photo), Chu Lin âgé de 3 mois (5ème photo)
Chu Lin
Chu Lin observe la marche pacifique de Chang Chang avec qui il a partagé l'enclos peu après la mort de sa mère Shao Shao
Shao Shao et son fils Chu Lin
1995 : Chu Lin fête son treizième anniversaire
Une statue dédiée à la mémoire de Chu Lin à proximité de l'enclos actuel des pandas géants - 8 juin 2011
En 1997, la Reine Sofia pose devant la statue de Chu Lin
Chu Lin (à gauche et seconde photo) et sa mère Shao Shao (à droite)
ont été naturalisés et sont exposés au musée national des sciences naturelles
Les pandas présents aujourd'hui à Madrid
Un programme de coopération entre la Chine et l'Espagne sur la protection des pandas géants a été lancé le vendredi 29 juin 2007 à Chengdu, en présence de sa majesté la Reine Sofia d'Espagne. Ce lancement officiel garantissait l'arrivée prochaine de pandas à Madrid.
La Reine Sofia d'Espagne avec un jeune panda à l'occasion d'une photo à la base de recherches sur le panda de Chengdu, le vendredi 29 juin 2007.
Cette même journée se tenait dans ce centre un sommet qui rendait officiel le programme de coopération entre la Chine et l'Espagne pour la protection et la recherche internationales du panda.
Quelques semaines plus tard, soit le 8 septembre 2007, un couple de pandas est arrivé en Espagne. Partis de Chine la veille, les deux pandas proviennent de la base de recherches de Chengdu sur l'élevage du panda géant (Chengdu Research Base of Giant Panda Breeding ; abrégée CRBGPB) où ils sont nés et sont loués par cet établissement au zoo de Madrid pour une durée de 10 ans.
Une plaque commémorative est placée dans l'enclos extérieur N°1 (voir schéma des enclos ci-dessous). Elle indique que sa Majesté la Reine Doña Sofia a inauguré le 19 septembre 2007
les installations des pandas géants, dont l'arrivée à Madrid est le fruit de la collaboration entre l'Association Chinoise des Parcs Zoologiques et le Zoo Aquarium de Madrid.
Hua Zui Ba, la femelle, dont le nom signifie "lèvres charmantes", est née le 16 septembre 2003 et a toujours été hébergée à la base de Chengdu avant son arrivée en Espagne.
La femelle Hua Zui Ba, le 8 juin 2011, dans l'enclos extérieur N°1 du zoo de Madrid
Bing Xing, le mâle, dont le nom signifie "étoile de glace", est né le 1er septembre 2000 à la base de Chengdu où il est resté jusqu'en janvier 2002. Il a ensuite été prêté un peu plus de deux ans, soit de janvier 2002 à février 2004, au Wild Animal Park de Hangzhou, dans la province de Zhejiang, en Chine. Après son séjour à Hangzhou, il a rejoint le zoo de Chengdu avant de retourner à la base de Chengdu en octobre 2005.
Le mâle Bing Xing, le 8 juin 2011, dans l'enclos extérieur N°1 du zoo de Madrid
Ni Hua Zui Ba ni Bing Xing n'ont été parents en Chine avant leur arrivée à Madrid.
Le mardi 7 septembre 2010, Hua Zui Ba, alors âgée de presque 7 ans, a créé la surprise en donnant naissance à des jumeaux, respectivement à 13h40 et 15h15. Cette naissance est le fruit d'une insémination artificielle réussie et pratiquée le 25 avril 2010 par le personnel du zoo de Madrid avec l'appui du Dr Lang Jinchao venu spécialement de la base de Chengdu mais également assistés de plusieurs institutions espagnoles (département de physiologie animale de la faculté de sciences vétérinaires de Madrid, la banque génétique des espèces en danger, le Museum national d'histoire naturelle). La gestation a donc duré 135 jours. Les vétérinaires de la base de Chengdu ont assisté à distance le zoo de Madrid durant la mise-bas.
Les jumeaux pandas, deux mâles, ont été élevés par alternance pendant leurs premiers mois : pendant que l'un était dans l'incubateur (ou couveuse), l'autre était avec sa mère et les soigneurs échangeaient les bébés régulièrement afin qu'ils puissent tous les deux profiter des soins maternels.
Le 7 octobre 2010, les jumeaux pandas ont été officiellement présentés à la presse alors qu'ils étaient tous les deux dans leur incubateur. Cette présentation a également marqué le début de l'exposition au public des jeunes pandas.
Les jumeaux pandas dans l'incubateur, âgés d'un mois, présentés à la presse le 7 octobre 2010
Le 30 décembre 2010, une cérémonie a été organisée au zoo pour dévoiler le nom des jeunes pandas. La branche espagnole des studios de cinéma Paramount Pictures a adopté les jumeaux pandas et a nommé l'aîné Po, du nom du célèbre protagoniste du film Kung Fu Panda ainsi que du volume 2 prochainement au cinéma. Florentino Fernandez, un acteur et humoriste célèbre en Espagne, qui est la voix de Po dans Kung Fu Panda 2, a d'ailleurs rendu visite aux jeunes pandas le 21 décembre. Quant au second panda, Paramount Pictures a invité les internautes à choisir parmi quatre propositions de noms pré-sélectionnés par les citoyens de Chengdu, ville d'origine de Hua Zui Ba et Bing Xing. Celui qui a retenu le suffrage du public est De De, qui signifie "surnom affectueux de Madrid". Le groupe de musique espagnol Cantamos Contigo a même spécialement écrit une chanson pour les jumeaux pandas qu'il a interprété lors de la cérémonie de baptême.
Le jour de ma visite, le 8 juin 2011, les jumeaux pandas venaient tout juste de fêter leurs 9 mois. De De pesait ce jour-là 18,5 kg et Po 18,2 kg, comme en témoignait l'ardoise disposée à l'intérieur de la pagode à destination des visiteurs. Les jeunes pandas marchent normalement, grimpent aisément sur les plates-formes à leur disposition et commencent à machouiller les pousses et tiges de bambous. Ce 8 juin, De De était plus actif que son frère Po.
Les soigneurs affichent le poids des jumeaux pandas, 8 juin 2011
De De (à droite) s'intéresse aux tiges de bambous tandis que Po (à gauche) se repose, 8 juin 2011, enclos extérieur N°2
Il est assez aisé de différencier les jumeaux pandas. De De a la fourrure plus jaune que Po et une tête plus ronde. Quant à Po, il est plus blanc que son frère et présente une partie plus blanche / grise autour des yeux, même si cette dernière remarque n'a pu être confirmée sur place par le personnel du zoo.
Deux photos de De De dans l'enclos extérieur N°2, le 8 juin 2011
Po bien installé dans l'enclos extérieur N°2, 8 juin 2011
Les installations dédiées à la famille pandas comprennent trois enclos extérieurs et un bâtiment, dénommé la pagode compte-tenu de son style architectural, dans lequel se trouvent trois compartiments intérieurs.
Schéma (non à l'échelle) des installations dédiées aux pandas géants, zoo de Madrid - Copyright J. POUILLE
L'enclos des pandas géants, "osos pandas" en espagnol, n'est plus très loin...
La pagode, qui comporte les enclos intérieurs et une allée couverte où le public peut observer les pandas à l'intérieur
Depuis la naissance des jumeaux Po et De De, les deux adultes ne disposent plus de leur enclos extérieur attitré mais sont interchangés d'enclos au besoin, selon la nécessité de séparer Hua Zui Ba de l'un de ses petits ou des deux. Dans tous les cas, le mâle Bing Xing ne partage jamais son enclos avec les jeunes pandas ou la femelle ; si bien qu'il est toujours seul dans l'enclos extérieur qui lui est attribué à un instant donné. On imagine aisément qu'initialement il n'y avait que deux enclos extérieurs, un pour chaque adulte de part et d'autre de la pagode, et que depuis la naissance des jumeaux et surtout leur sortie à l'extérieur, un des deux enclos a été scindé en deux enclos pour permettre d'isoler au cas par cas les jumeaux pandas de leur mère. Les enclos extérieurs sont très ombragés grâce aux grands arbres en nombre, où peuvent d'ailleurs grimper les pandas. Ils disposent de plates-formes, d'une grotte et de points d'eau.
Vues générales de l'enclos extérieur noté N°1 sur le schéma, avec le mâle Bing Xing - 8 juin 2011
Vue générale de l'enclos extérieur N°1, sous un autre angle - 8 juin 2011
Vue générale de l'enclos extérieur noté N°2 sur le schéma, où se repose De De - 8 juin 2011
Nous apercevons à l'arrière de la cloison en faux bambous l'enclos extérieur N°3, présenté photo suivante.
Vue générale sur l'enclos extérieur N°3, à l'arrière de l'enclos N°2 et donc peu visible des visiteurs - 8 juin 2011
L'espace à l'intérieur de la pagode, climatisé en été et chauffé en hiver et équipé d'humidificateurs qui maintiennent l'humidité nécessaire dont ont besoin les pandas, comporte également trois enclos distincts mais là également, la naissance des jumeaux a dû entraîner la division de l'un des deux enclos initiaux pour faciliter l'isolement de l'un ou l'autre des animaux. Ils disposent de plates-formes et sont séparés par un espace vitré par lequel les animaux peuvent se voir. Seuls deux enclos sur les trois enclos intérieurs sont facilement visibles du public.
Les enclos intérieurs, disposés à l'intérieur de la pagode. L'enclos de gauche, où se repose De De, est séparé en deux via une cloison en faux bambous. 8 juin 2011
Le mâle Bing Xing, à l'intérieur de la pagode, 8 juin 2011
De De se repose à l'intérieur de la pagode, 8 juin 2011
En sus des enclos intérieurs et extérieurs, l'installation comporte également des espaces privatifs, non visibles du public, composés traditionnellement de zones pour les soigneurs, pour le stockage et la préparation du bambou, pour les soins... Une zone isolée est quant à elle réservée à la mise-bas et à la vie de la mère panda avec ses petits durant les premières semaines avant qu'ils ne sachent marcher.
Les deux adultes, Bing Xing et Hua Zui Ba, se voient délivrer du bambou à plusieurs reprises dans la journée. Pour cela, le zoo de Madrid s'approvisionne depuis 2008 chez une bambouseraie française, Rezo Plant, située à Montauriol dans le Lot-et-Garonne. A l'arrivée du couple de pandas, le zoo importait des bambous espagnols et portugais mais les animaux refusaient de les manger. Les espèces envoyées par Rezo Plant sont diversifiées mais il s'agit principalement d'espèces du genre Phyllostachys (genre assez commun dans le milieu naturel où vit le panda géant).
Voici une liste des espèces déjà envoyées au zoo de Madrid par Rezo Plant : Phyllostachys bissetii, Phyllostachys alata, Phyllostachys viridis, Phyllostachys virella, Phyllostachys angusta, Phyllostachys rubicunda, Phyllostachys bambusoides, Phyllostachys glauca, Phyllostachys acuta, Phyllostachys kwangsiensis, Phyllostachys nidularia, Phyllostachys meyeri, Phyllostachys nuda, Phyllostachys lofushanensis, Pleioblastus chino, Pseudosasa japonica, et en moindre quantité des Semiarundinaria.
Préparation du bambou en France, dans la bambouseraie Rezo Plant
Merci à Rezo Plant (www.rezo-plant.com), spécialistes du bambou en Europe, pour la photo
Le zoo de Madrid aurait souhaité obtenir des Fargesia et des Chimonobambusa, deux genres très appréciés des pandas dans la nature (Fargesia est par exemple disponible à presque toutes les altitudes dans l'habitat naturel du panda et dans presque tous les Monts qu'ils habitent), mais la culture des Fargesia est longue et Chimonobambusa est un bambou de collection, si bien que la bambouseraie française n'a pu répondre favorablement à la demande initiale du zoo de Madrid.
Le bambou, une fois arrivé à Madrid, est stocké au froid dans une atmosphère humide afin qu'il reste frais et qu'il conserve ses qualités nutritives entre deux livraisons. Il est lavé et préparé avant d'être distribué aux animaux. Quelques tiges sont mêmes proposées à Po et De De afin de stimuler leur intérêt pour cette plante qui va devenir leur nourriture principale. A 9 mois, âge des jumeaux pandas lors de ma visite, De De jouait sans hésitation avec les tiges disposées dans l'enclos et semblait prendre du plaisir à les machouiller.
Préparation du bambou avant de le présenter aux pandas, 8 juin 2011
De De affectionne déjà les pousses de bambous disposées dans son enclos (enclos extérieur N°2), 8 juin 2011
Bing Xing, en plein repas, dans l'enclos extérieur noté N°1 sur le schéma, 8 juin 2011
L'entraînement médical (également nommé conditionnement opérant ou renforcement positif) permet une meilleure accessibilité aux animaux pour les procédures et examens médicaux grâce à la collaboration de l'animal. Le "dressage" consiste à offrir des récompenses lorsque l'animal exprime le comportement souhaité.
Pour le couple de pandas, les sessions de formation sont quotidiennes et sont un stimulus positif qui participe à leur bien-être. Comme récompenses, le personnel du zoo de Madrid utilise des morceaux de pomme, du raisin, des pastèques voire même du miel pour les exercices les plus difficiles.
La zone dédiée à cet entraînement permet un "contact protégé" entre les pandas et les vétérinaires ou les soigneurs, c'est-à-dire qu'il existe une séparation physique avec des barreaux qui permettent en même temps l'accès sécurisé aux animaux.
Grâce à ce conditionnement, le personnel peut réaliser des prises de sang, des palpations, des échographies, des prélèvements d'échantillons de salive, de poils ou vaginaux sans générer de stress aux animaux et sans anesthésie.
La femelle est même capable d'uriner à la demande, ce qui permet la collecte quotidienne d'échantillons urinaires indispensables pour le suivi hormonal.
Les pandas sont pesés quotidiennement, le matin. Afin qu'ils restent immobiles quelques secondes sur la zone centrale de la balance, les soigneurs y déposent un morceau de pomme. Les pandas peuvent montrer des variations naturelles de leur poids corporel, jusqu'à 5 kg au cours de la journée. Ce suivi du poids est un indicateur très important de la santé des animaux.
Le poids moyen de Bing Xing, le mâle, est de 120 kg et celui de Hua Zui Ba, la femelle, de 93 kg, avec des variations au cours de l'année de jusqu'à 15 kg (les poids les plus élevés sont observés au printemps, les plus faibles à l'automne).
Bing Xing, dans l'enclos extérieur N°1, 8 juin 2011
Lors de ma visite du 8 juin 2011, j'ai eu l'occasion d'interroger un étudiant qui filmait l'enclos extérieur N°2 où étaient à ce moment présents les jumeaux pandas. Il m'a indiqué filmer environ 3 heures par jour les jeunes pandas ; ces vidéos étant par la suite visionnées et étudiées par une scientifique afin de déterminer les interactions entre les deux jeunes pandas ainsi que les interactions de chacun d'entre eux avec leur mère. En effet, la naissance et la survie de jumeaux est très rare en dehors de Chine et les études comportementales entre mère panda et jumeaux sont peu nombreuses dans la recherche scientifique occidentale.
Trois prises de vue de De De, tantôt à parcourir son enclos (N°2 sur le schéma), à tester le bambou ou encore curieux des éléments qui l'entoure - 8 juin 2011
A lire : Toutes les actualités consacrées aux pandas géants du zoo de Madrid, en Espagne :
> 18 novembre 2011 : Po et De De regroupés avec leur mère au zoo de Madrid
> 22 juillet 2011 : Po et De De boivent le biberon seuls au zoo de Madrid
> 5 janvier 2011 : Les jumeaux du zoo de Madrid reçoivent un nom
> 8 octobre 2010 : Les jumeaux nés au zoo de Madrid présentés à la presse et visibles au public
> 9 septembre 2010 : Hua Zui Ba a donné naissance à des jumeaux au zoo de Madrid
> 8 septembre 2007 : Arrivée de deux pandas à Madrid, Espagne
> 29 juin 2007 : Bientôt des pandas à Madrid
Pour en savoir plus :
> Le site officiel du zoo : http://www.zoomadrid.com
> Davantage de photos sur la page facebook du site : facebook.com/pandas.fr
> Découvrez la galerie spéciale sur flickr : http://www.flickr.com/photos/43987229@N00/sets/72157626918118781/
De De, le 8 juin 2011, dans l'enclos extérieur N°2
La femelle Hua Zui Ba grimpe à un arbre de l'enclos N°1 et semble adopter une position digne de Kung Fu Panda ! 8 juin 2011
Repas pour Bing Xing, dans l'enclos extérieur N°1, le 8 juin 2011
De De prend la pose le 8 juin 2011, dans l'enclos extérieur N°2